Muriel BOUALEM
Conseillère municipale du Groupe Arles en Capitale
" L'été s'achève et voit partir les derniers touristes, dernière ressource de notre ville. J'ai essayé de regarder notre ville avec les yeux d'un touriste fraîchement débarqué. Que voit-il en arrivant ?
Des entrées de ville à l'abandon, envahies de mauvaises herbes, des friches industrielles datant d'une époque bien meilleure, des murs taggués, des espaces verts agonisants, des chaussées pleines de trous, des trottoirs défoncés et jamais entrenus... Les autres villes se développent, il y a des chantiers, des changements... Pas ici...Mais il doit rester optimiste, il est en vacances ! Alors, notre touriste cherche une place de parking pour se garer. Le pauvre ! Au bout de plusieurs minutes de recherches infructueuses, il s'engage dans le centre ville et là, surprise ! Des sens interdits, des bornes qui poussent comme des champignons, des véhicules qui bloquent la circulation... L'enfer ! Qui est le sadique chargé du plan de circulation dans cette ville ?
Mais notre touriste ne veut pas baisser les bras et après une demi-heure de galère et douze demi-tours, il peut enfin quitter son véhicule. Il a de la chance si en sortant il ne met pas les pieds dans les « espiègleries » de nos amis les chiens. Les guides touristiques auraient du l'avertir !
Il se demande alors si c'est prudent de laisser quelques affaires dans son véhicule. Oui ! Bien sûr ! La Police Municipale doit occuper le terrain ! Comment ça, il n'y en a pas ? Comment est-ce possible ? Mais si Monsieur le Touriste, c'est possible ! Vous venez de comprendre le sens de l'expression « l'Arlésienne » !
Notre touriste n'est pas rassuré mais il garde sa bonne humeur. Après tout, ce sont les Arlésiens qui vivent ça au quotidien ! Pas lui ! Lui, il va visiter tous ces magnifiques monuments restaurés grâce aux subventions de l'Etat. Là, il n'est pas déçu ! L'Histoire a été généreuse ! Quel dommage que tous ces bijoux soient présentés dans un écrin vieillissant et mal entretenu !
Il cherche alors un coin d'ombre pour se reposer. Il aperçoit notre unique jardin, le principal espace vert de la ville. Quelle ville ! Même le mobilier urbain est un vestige, il semble tout droit sorti du Rhône ! Ils ont dû le découvrir en même temps que le buste de César !
En passant devant les toilettes publiques, il se dit qu'on doit tourner un film se déroulant dans les années 50. Non ? Ce sont des vraies ?
Ce n'est pas tout, mais la fin de la journée approche et ici pas question de profiter de la soirée, il faut manger avant 21 heures puis laisser la ville aux moustiques. Il pense sincèrement que les Arlésiens doivent être bien tristes de voir leur si belle ville totalement négligée, à l'abandon par endroits. Et pourtant, ils n'ont pas l'air désespérés, enfin... pas encore ! "